L'Egypte et la vallée du Nile

L'Egypte et la vallée du Nile

  • Matthieu P.J.
  • Voyages
  • 30 novembre 2024
Table of Contents

L’Egypte qui me fascinait à l’école est l’Egypte antique, celle des pharaons et des dieux à tête d’animaux qui sont si nombreux dans le panthéon égyptien. Même si ce pays n’existe plus, sa trace est encore présente. L’Egypte moderne compte plus de 100 millions d’habitants et est le pays le plus peuplé du monde arabe. Un pays principalement musulman mais avec une communauté chrétienne la plus ancienne du monde, les Coptes. Un pays où le chant du muezzin vous réveillera à 5h du matin avant le lever du jour mais où vous croiserez des églises et où les deux communautés vivent en harmonie.

Une énergie étrange plane sur ce pays d’Egypte, qui est bien différente d’ailleurs. C’est la première chose qui m’a frappée en arrivant ! C’est du domaine du subtil, difficile à exprimer, mais beaucoup de gens le ressentent à leur façon. Les comportements sont différents, la vie est rythmée différemment et on se laisse entrainer… et même les animaux sont différents.

Les chiens et les chats qui sillonnent les rues sont beaux et élégants. Les chiens en particulier, ont cette grâce, ce calme et cette tranquillité que j’ai rarement vues. Ils se déplacent lentement au bord des rues et sont bienveillants les uns avec les autres. Les chats sont juste magnifiques et sur l’ile de Philae ils sont les gardiens du temple d’Isis.

La vallée du Nile est un endroit extraordinaire. Ce fleuve étaiit central dans la vie des Egyptiens et c’est compréhensible : dans un pays aride et désert où le soleil brule toute chose, ce fleuve était la source de la vie et contrastait tant avec les alentours. Ce fleuve est le plus long au monde (presque 7000 km) et c’est le seul à s’écouler du Sud vers le Nord pour se jeter en Mer Mediterranée. De ce fait, la partie amont ou haute du fleuve se situe au sud et non pas au nord (d’où les termes qui peuvent porter à confusion de haute et basse Egypte).

Note

Plus d’explications dans la dernière partie.

Quelques classiques

Un chef d’oeuvre… mais un peu fake

Abu Simbel, le vrai temple, a été enseveli dans les eaux du lac Nasser suite à la construction du grand barrage en 1973 à proximité d’Assouan. Plus d’une dizaine de temples ont été déplacés et Abu Simbel était le plus emblématique. Un projet de l’UNESCO a permis de le sauver de l’inondation, et il a été déplacé plus en hauteur pour échapper à la montée des eaux.

Ce temple commissionné par Ramsès est cité parfois comme le plus beau de toute l’Egypte. Je ne suis pas d’accord. Il est intéressant et a vraiment des statues énormes, mais c’est Ramsès sur Ramsès sur Ramsès… un peu lourd à force. Il faut 6 à 8 heures de bus dans la journée pour le rejoindre depuis Assouan et c’est tellement touristique qu’on se bouscule dans les couloirs. Mais surtout… il a été déplacé donc ce n’est pas un original. Il a été coupé en tranches, démonté puis rémonté. Mais l’emplacement originel n’est plus. Et les égyptiens choisissaient l’emplacement pour des raisons énergétiques, et donc ce n’est pas la même chose. Il a été reconstruit et la structure de colline qui l’abrite est artificielle.

La vallée des Reines

C’est à Louxor. Les rois étaient enterrés d’un côté, et les autres chacun dans un endroit dédié : les reines, les nobles, les artisans. On accède aux tombes par des escaliers et là une vraie énergie se dégage de ces endroits. Beaucoup de peine est encore présente dans les murs, dans certaines tombes des enfants ont été enterrés, car ils sont morts très jeunes et on a utilisé la tombe de leurs parents.

Descendre dans ces tombes c’est un peu se prendre pour une sorte d’Indiana Jones. Un expérience vraiment spéciale. Les tombes ouvertes varient à mesure des restaurations qu’ils font sur site. Certains hiéroglyphes conservent leur couleur d’antant, c’est splendide même si ces endroits étaient scellés et destinés à rester au calme pour l’éternité. Raté !

La vallée des Artisans

Cette fois, on n’est pas sur des bas-reliefs mais sur des peintures à même les murs, ce qui en fait a été bien mieux conservé ! Les artisans créaient les tombes des rois et puissants, donc ils savaient quoi dessiner, et ils voulaient eux aussi s’acheter une vie après la mort.

Quelques temples originaux

Il y a les grands classiques, et puis il y a les temples moins connus. Je propose ici de parler de ceux-là. Ce ne sont pas ceux que l’on fait en 1re intention, car ils sont parfois loins et atypiques, et pourtant ils peuvent être impressionnants.

Ramesséum à Louxor

C’est à Louxor, rive gauche. Commandé par Ramsès et à sa gloire, il nous offre de belles colonnes et espaces ouverts, tout en étant très proche des collines de la vallée des rois. Il n’est pas trop grand et bien plus intimiste que le temple de Louxor. En contre-plongée, on voit le dessous du fronton d’une porte avec les ailes d’un aigle.

Médinet Habou à Louxor

C’est à Louxor, rive gauche. Il a le fronton typique du temple égyptien, avec des cours intérieures. Certains endroits ont bien conservé leur couleur, notamment les plafonds !

Temple d’Osiris à Abydos

Ce temple était dédié à Osiris et sa particularité est d’avoir un toit tout du long. Osiris étant le dieu du monde souterrain, il faut rester dans l’ombre. Abydos est différent des autres temples, il y a de longues salles avec une lumière étrange. Il y a des murs avec des portes factices, entrées du monde souterrain. Il y a une ambiance particulière, et étant un peu hors des sentiers battus (2h30 de route depuis Louxor), il est moins fréquenté et donc plus authentique.

Mais la cerise sur la gâteau c’est le Osirion : un complexe qui est à l’extérieur du temple principal et bien séparé. Ce site est un mystère et pourrait être bien plus ancien que le temple. Il y a un phénomène très étrange avec de l’eau souterraine, de plus de 20 m de profondeur. On a essayé de la pomper de nos jours mais on n’y arrive pas, même avec les pompes modernes puissantes : l’eau se re-remplit plus vite que ce que l’on pompe. Cela veut dire qu’il y a une source souterraine immense et intarissable…

Vue en hauteur de l'Osirion, qui est fermé au grand public

Autre fait remarquable : pas une mais deux fleurs de vie sont gravées sur ses murs, ce qui est à priori unique dans toute l’Egypte antique ! Ce symbole de géométrie sacrée était un vrai secret, et seul un endroit de très haute importance et restreint aux initiés aurait pu porter cette marque… Ce site dédié au culte d’Osiris est donc un grand mystère.

Une fleur de vie, stylisée

Temple d’Hathor à Dendérah

Ce temple est dédié à Hathor, déesse de l’amour. Elle est représentée avec une tête de vache et très connectée au divin féminin. Ce temple a un escalier qui monte sur le toit et en cela est unique par rapport à tout ce que je connaissais. La salle hypostyle est décorée d’énormes tête de vaches au sommet des colonnes. Autre originalité : dans certaines pièces, des salles secrètes sont accessibles seulement au moyen d’échelles car plusieurs mètres au dessus du niveau du sol. On ne sait pas vraiment à quoi elles servaient.

Quelques clés de lecture

Les capitales

L’Egypte a eu plusieurs capitales au cours des siècles :

  • Memphis (près du Caire) à partir de 2700 av. J.-C.
  • Thèbes (l’actuel Louxor) 2055-1070 av. J.-C.
  • Alexandrie (332-30 av. J.-C.) cette ville fut fondée par Alexandre le Grand après la conquête de l’Égypte. C’est ce qu’on appelle l’époque ptolémaïque.
  • Le Caire durant l’époque arabe (641 apr. J.-C. à nos jours)

Note

Quand on va à Louxor, on remonte donc 4000 ans en arrière dans l’histoire. Quand on y pense vraiment : cela aurait été aussi loin en arrière pour Jésus-Christ à son époque, que Jésus-Christ l’est pour nous aujourd’hui… C’est dire !

La géographie

Une autre chose à comprendre est la différence entre :

  • Basse Egypte : le Nord avec Le Caire et Alexandrie. Il pleut souvent. C’est là où beaucoup de population se concentre avec Le Caire qui est une des plus grandes zones urbaines au monde. Son symbole est le papyrus (une plante spéciale : elle s’ouvre le matin et se ferme le soir).
  • Haute Egypte : le Sud avec Louxor et Assouan. Il pleut au mieux un jour par an. C’est bien moins peuplé et surtout centré sur le Nile. Son symbole est le lotus, la fleur très présente sur les bas reliefs.

Les pharaons

Quand on parle d’Egypte, on pense aux pyramides, aux tombes des Pharaons dans la vallée des rois a Louxor et des dieux égyptiens aux traits étranges. Certains pharaons ont plus marqué que d’autres. Par exemple, Ramsès II, fils de Séthi Ier, est l’un des pharaons les plus célèbres de l’Égypte ancienne. Il appartenait à la XIXᵉ dynastie et a régné pendant près de 70 ans, au XIIIᵉ siècle avant J.-C. (règne de 1279 à 1213 av. J.-C.). Ramses II est un peu incontournable en Egypte, ayant fait bâtir des temples tels que Abu Simbel.

Ramsès II s’est illustré par son goût pour les monuments gigantesques, souvent décorées de colosses à son effigie. Ses temples étaient autant des lieux de culte que des moyens de glorifier son règne. Il se faisait représenter comme un dieu, et il n’y en avait que pour lui. Plus que de la propagande royale, c’était un véritable mégalomaniaque de l’antiquité. Comme quoi, on a rien inventé de nos jours !

Les hiéroglyphes

Quand on parle d’Egypte, on pense aussi aux hiéroglyphes. Ces inscriptions que l’on arrivait plus à lire jusqu’à assez récemment. Pourquoi ? Eh bien, parce que les temples n’étaient pas des lieux publiques mais réservés aux prêtres et initiés. La société égyptienne était donc très élitiste et la caste des prêtres très puissante. D’ailleurs, un pharaon appelé Akhenaton a essayé de supprimer leur position de pouvoir mais n’a jamais réussi. Son histoire est fascinante. Donc une fois que les élites disparaissent, vu que les connaissances ne sont pas dans le domaine publique, ça se perd. En fait, après la conquête par les Romains, le langage s’est perdu en quelques siècles. Les prêtres étaient les seuls à pouvoir lire les hiéroglyphes, mais avec l’avénement du Christianisme ils ont été exterminés. On estime que déjà autour de 500 après Jésus-Christ, les égyptiens ne savaient plus lire les hiéroglyphes de leur ancêtres. Morale : seule la transmission continue du savoir permet de valoriser le passé pour les générations futures !

Les hiéroglyphes étaient richement colorés, et à leur époque originelle les temples devaient être de toute splendeur. Des pigments naturels (par ex. à base de roche broyée étaient utilisés). La couleur qui reste a traversé les millénaire, ce qui est tout à fait remarquable. Voici un exemple au musée de Louxor.

Les temples

Les distances dans ce pays sont importantes. Il faut des heures pour rallier des temples épars, et se lever—très—tôt est souvent requis.

Les temples attirent les foules. Ces lieux de culte ont enduré les millénaires car ce sont des tas de pierre énormes, et que des moyens considérables auraient du être déployées pour les retirer, donc ce n’est pas arrivé. Il y a eu des dégradations par les Chrétiens, avec notamment la destruction des têtes des dieux sur les bas reliefs, et de nombreux temples ont été transformés en églises. Au pire, les temples ont servi partiellement de carrière pour d’autres constructions. Par contre, ces temples ont été souillé par l’énergie de tous les pilleurs et visiteurs au cours des siècles. Ce ne sont PAS des lieux de culte vivants mais des vestiges.

Détail d'une croix copte dans le temple de Philae

L’ancienne Égypte a enduré des millénaires et en cela a su développer une culture inédite. Elle a marqué l’histoire du monde et l’imaginaire collectif. Franchement, il est très difficile pour nous aujourd’hui de comprendre l’état d’esprit dans lequel ces gens vivaient. Quand une civilisation endure les millénaires, elle atteint un degré de connaissances et maturité qui n’a rien a voir avec notre court-termisme moderne, et la fragilité de nos sociétés ultra-technologisées. Ces gens vivaient en harmonie avec les lois naturelles et étaient éminemment spirituels. Leur descendants aujourd’hui ont immanquablement gardé l’empreinte énergétique de cette civilisation autrefois inégalée.

Le rapport au temps des Egyptiens est intéressant. De ce que j’ai vu, ils ne sont pas du tout stressé comme les européens, mais les choses se passent et ils sont fiables et font ce qu’ils disent. Ils ne roulent pas vite en voiture et deux-roues. On peut avoir l’impression que tout marche au ralenti, mais n’empêche, ça marche. Je me sentais calme et pas pressé en marchant dans les rues de Louxor. Une sorte de sérénité émane de la ville en général, et c’est contaminant. J’adore cet endroit.

Ce voyage a été un brin de fraîcheur par rapport à une Europe désormais zombifiée par les smartphones, où les gens sont distraits en permanence. Peut-être est-ce la pauvreté qui préserve les Egyptiens de ce fléau ? Peut-être, car peu de gens peuvent se payer un smartphone. En tout cas, les gens sont là, présents dans ce qu’ils font et interragisent les uns avec les autres et c’était tellement simple et agréable. Je me croyais revenu en Europe au début des années 2000 avant l’avénement des premiers smartphones. Le rapport à l’autre est important pour les Egyptiens et ils ont un vrai sens de l’hospitalité par exemple. Les gens sont dignes et respectueux. La religion musulmane devenue dominant au 1er millénaire a transformé le pays, parfois de façon surprenante. Les locaux avec leur expressions telles Inch’Allah et Hamdoullah sont bien plus dans la foi que d’autres cultures. Ils s’en remettent à Dieu et acceptent que parfois les choses ne se passent pas comme ils le veulent mais comme Dieu le veut (Inch’Allah). Et ils remercient Dieu quand ils ont eu ce qu’ils voulaient ou qu’ils ont passé un moment agréable (Hamdoullah). C’est très en contraste avec l’Europe où les religions sont en déclin. D’ailleurs le pays entier est en contraste, à tellement de niveaux…

Mais l’Egypte moderne, c’est aussi un pays complexe où les militaires trustent les positions de pouvoir et où les masses sont relativement pauvres. Un pays qui a vu la valeur de sa monnaie s’écrouler avec les années. 1€ achète 52 livres égyptiennes en ce moment, contre 33 livres au début 2024 (on parle de 60% d’augmentation !). Mais avant le Covid c’était 17 livres… ça veut dire que la livre égyptienne était 3x plus chère il y a 5 ans pour nous européens. Alors on a beau avoir une crise du coup de la vie en Europe, chez eux on parlera plutôt de cataclysme monétaire. Et pour les européens, le pays n’est pas cher.

De ce fait, les grands groupes de tourisme internationaux comme les chaînes d’hotel réclament des euros, dollars ou pound sterling pour se mettre à l’abri. Donc un conseil, si vous allez en Egypte dépensez tout votre cash et n’en gardez pas pour un futur voyage ! Sinon vous pourriez voir la valeur de votre cash fondre comme neige au soleil…

Akhenaton

Je finis en revenant sur ce pharaon atypique qui est l’OVNI de toutes les dynasties. Le règne d’Akhenaton (1353-1336 av. J.-C.), pharaon de la XVIIIe dynastie, est l’un des épisodes les plus singuliers de l’histoire de l’Égypte antique. Surnommé le “pharaon hérétique”, il est connu pour sa révolution religieuse, sociale et artistique. Il était en avance sur son temps : un précurseur du monothéisme, il a voulu remplacer tous les dieux égyptiens par un seul : Aton, le disque solaire. Il faut dire que le polythéisme égyptien était bien compliqué avec beaucoup de divinités, parfois dédoublés en haute et basse Egypte. Un vrai casse-tête. Du jour au lendemain, Akhenaton décide que tout cela est fini ! Autant dire que cela n’a pas du tout plu à la caste des prêtres… ils ont oeuvré dans l’ombre pour la perte d’Akhenaton et on pense qu’il a été assassiné.

Akhenaton a changé son nom original d’Amenhotep IV et était un grand visionnaire. Mais son utopie aura été de courte durée, peut-être 20 ans. Ensuite, tout a été restauré comme avant. Et son fils a été récompensé avec beaucoup de ferveur et est resté célébre dans l’histoire… un certain Toutankhamon ! Eh oui, Toutankhamon est l’un des pharaons les plus célèbres de l’Égypte ancienne grâce à sa tombe ayant été découverte intacte au 20eme siècle. Son règne a été court (1333-1323 av. J.-C.) et il est mort jeune, vers l’âge de 18-19 ans.

Et voici un dernier coucher de soleil avec une Felouque sur le Nile, un bateau typique. L’Egypte vous salue !

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